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Kaplica la guérisseuse..
Cinq heures le muezzin s’éveille, le chœur des muezzins de
Kayseri
lui répond dans
toute la ville…
les mélopées se font écho et se taisent, allez ,on s’accorde encore deux
heures c’est dimanche !
Les rues ont du mal à s’animer, hier c’était fête nationale et du sport,
on s’est couché tard. Quelques échoppes
ponctuent le bazar désert, le long
de l’avenue Inonü les petits boulots
se vendent à l’heure de travail sur le trottoir : peintres, bûcherons
armés de leurs tronçonneuses… curieux alignement, curieuse et triste
prostitution !
Le türbe Döner Kümbet est un peu perdu dans son gazon irrigué au pied des
immeubles modernes qui font une banlieue poussée trop vite.
Les trottoirs ici, au pied de la route de L’Erciyès, sont accaparés par
les vendeurs d’accessoires de piknik , braseros en métal assemblés à faire
pâlir Philou, grands cerfs volants de plastiques accrochés aux pare-brises
de vieilles voitures américaines…
les dolmus ramassent des familles entières, c’est dimanche !
La route va être longue et chaude vers Kangal…A la sortie de Kayseri
dilemme, deux routes possibles dont une non indiquée sur notre
exccelleeeeeeeente carte de l’IGN, allez ,on la prend ! Toute neuve,
bordée d’une allée d’immeubles modernes façon Evry…

et puis la steppe
déserte pendant d’immenses kilomètres.
On essaie de faire le tracé sur la
carte, et surprise, ici à gauche en bord de route
le caravansérail Karatay
Han…détour noté difficile sur nos guides officiels.
Portail superbe, sorti des années d’oubli, portail fermé…une petite
vieille sort d’on ne sait
où en brandissant une clef. Visite sur mesure, le temps ici se compte aux
herbes qui grimpent
entre les pierres disloquées, les frises racontent les époques, les
dragons du fronton ont conjuré maints sorts, un catafalque en bois se veut
être tombeau d’époque…
Peu importe il se dégage tellement de charme, notre petite mémé prend un
tel plaisir à nous montrer ce que nous ne pourrions voir sans elle que
nous partons dans des rêves de vizir !
  
Pinarbasi, un gros bourg endormi, pause midi, oui mais où ?…en
principe une rivière serpente, on tente la route de droite, là-bas il y a
des peupliers…et, et ,et…une rivière et un petit pont
et des paysannes qui lavent des tapis et un grand pré constellé de tapis
qui sèchent au soleil,
il reste la place pour un Fleurette le salon face à la cascade ! Papotage
de contact, ça na va pas loin mais le courant est passé…Raki, salade…un
groupe de jeunes garçons vient de descendre du village et tente une
approche « hello.. ! what is your name ?”…c’est bien parti mais ça ne va
pas plus loin, alors Suzy s’engage dans une partie de dico-de-poche
pendant que j’aligne ces lignes sur le computer.
On attaque la route la moins marrante, longue et désertique avec l’orage
qui menace,
un petit hameau en contrebas et là sur le sommet d’un pylône un nid de
cigogne occupé…
ils sont devenus tellement rares qu’il mérite un clic-clac…En revenant au
Fleurette je remarque
un goutte-à-goutte sous le moteur, la voilà ma conso excessive ! tapis de
sol, exercice du dos, pas évident, ça fuit mais d’où ?…ça y est je la
tiens, le serflex de la durite d’Igoumenitsa
qui est desserré, il suffit que je le touche pour prendre une giclée dans
les yeux. Vous avez du remarquer qu’en de pareille circonstance il vous
manque toujours la clef du bon diamètre !
Je m’en sors avec un court tournevis…Il faut que ça tienne jusqu’à Sivas,
au moins deux cents bornes ! L’altitude oscille entre 1200 et 1700
mètres…une paille.
L’orage se déclenche, la route triste devient dantesque sous le déluge,
encore 70 bornes
pour Kangal…un camion, trois voitures…un tracteur à des lieues de
sa ferme…
Ce matin il faisait 25°, maintenant 7°, nous sommes à 1980m d’altitude !
Kangal, on se retrouve dans nos Turquies des années 70…sale et rafistolée.
On est venu
pour voir l’élevage des fameux chiens Kangal, Bergers d’Anatolie, depuis
toujours ils nous ont impressionnés. Et puis Philippe Enguehard en a parlé
sur son site « la Turquie en campingcar »… et ensuite, sur son site
dédié à
ce chien superbe. Alors nous sommes là, l’élevage nous l’avons aperçu
en arrivant mais c’est dimanche, on verra demain.
Dis Philippe il est où ton BTS de Kangal ?… terrains vagues, détritus,
boue des orages, rien qui vaille à nos yeux…On pousse plus loin, à 15km la
fameuse station thermale aux poissons suceurs « Baliki Kaplica ».
Il doit bien y avoir un parking correct !…Bof ! de petits terre- pleins
boueux… Avant d’arriver ici on a remarqué un petit hameau, Kayak,
demi-tour…superbe, quelques maisons proprettes, des près pas trop
mouillés, un B***pour la beauté, et une caserne de jandarmas… pour le S de
sécurité ! Le bidasse de service a bien du mal à comprendre même avec
gestes
à l’appui que nous voulons dormir ici…enfin arrive le grand chef, gros et
jovial,
deux mots et demi d’English, ça devrait marcher et l’on se voit déjà
environnés des villageois… tu parles ! « Yok, Kayak…problème ! »..alors
où, nerede ? « Kangal… »…Yok güzel Kangal,
pas beau ! « Baliki.. » propose le chef….Yok güzel Baliki ! Dialogue de
sourds, c’est toujours
« Yok Kayak…problème ! ». Nous sommes, il est vrai à la frange du pays
kurde…
Alors entre la crasse de Kangal et la boue de Baliki on choisit la boue.
Tant pis pour le T de tranquillité on se plante devant le bâtiment
réception. Deux gros chiens kangals sont assoupis, c’est vrai qu’ils sont
impressionnants. Avant que Daky ne se précipite dehors je le mets en
laisse, on va tester les relations canines…A peine a- t-il posé une patte
sur le sol kangalien que les molosses ont bondi tels des missiles, ils
sont museau à museau
les babines relevées de grondements…et ils sont subitement quatre à
grogner autour
de ma terreur noire…allez on ne discute plus, je tente d’impressionner les
anatoliens pendant
que Suzy tire sur la laisse et remonte le petit noir comme une carpe au
bout d’une ligne !
Ouf ! La meute tourne en reniflant autour du Fleurette, Daky grogne à son
tour, non mais !
Manœuvre, on s’éloigne un peu dans un terrain un peu vague d’argile
collante.
La meute nous a suivis et tournera encore longtemps en reniflant tous les
recoins
des soutes du ccar.
Mon petit Daky tu attendras le retrait de l’armée adverse pour tenter une
sortie !
Kangal aux portes de l’est .
Il a encore plu cette nuit mais le ciel du matin est d’un bleu tonique.
Baliki Kaplica, les bains de Kaplica, lisez bien vous ne trouverez pas ça
ailleurs ! Il nous faut réveiller le réceptionniste, le suivre grognon
vers les piscines…à droite les femmes, à gauche les hommes, c’est pour
cela que vous ne verrez que des images des bains hommes, c’est moi qui
avait l’appareil ! Il est très tôt mais ils sont déjà nombreux dans la
piscine, quota de la journée oblige, j’explique. Kaplica c’est une source
d’eau chaude, jusque là rien d’original, mais ici vit
une race de poissons qui vous guérit du psoriasis en 21 fois huit heures
de bain !
Un jour Marmara-tour-opérator-number-one-in-Turkey va flairer l’aubaine, à
coup sûr !
Le spectacle des curistes est unique, on comprend leurs problèmes, ils
sont visibles en larges plaques cutanées, on sait le stress de ces sortes
de maladies…on participe, même spectateur,
 
à ce bain salvateur. On tente d’accélérer le processus de l’eau en massant
les plaies, on aide
le copain pour agir sur le sommet du crâne, on ruse avec la décence pour
faire agir l’eau bienfaitrice sur des parties interdites…et on bénit
l’aide des curateurs !
Une multitude de minuscules poissons, incroyablement dressés pour viser
les plaies
les plus rétives et en extraire le venin. Les règles à respecter pour
guérir sont draconiennes
mais le résultat garanti…en été les patients viennent de tous les horizons
mondiaux.
La petite vallée en impasse de Kaplica est une guérisseuse reconnue du
psoriasis !
le
berger d'Anatolie
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