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Le
saut en Asie..!
La route descend vers les
Dardanelles, verte, verte, pour nous la Turquie était jaune,
jaune jaune des champs grillés de l’été, jaune des vagues de
tournesol…la voici verte des champs de céréales. Là comme ailleurs le ministère de l’agriculture crée
les monocultures. L’avenir doît être au riz…la vallée de l’Ergène en est chamboulée,
partout des tracteurs créent
des parcelles inondables qui brillent dans
le soleil matinal tels des diamants d’espoir bénéfique.
Le long pont d’Unzunkoprü,
plus de 1000 mètres de construction seljoukide résiste depuis
le 16e siècle aux assauts de tous les transports qui
traversent le fleuve.
On y slalome entre
les carrioles à chevaux, les tracteurs antédiluviens, les bus bondés,
les camions brinquebalants.
Pause marché, dans la cohue de la gare routière, une nuée de petits
cireurs de chaussures
nous entoure, je leur propose de cirer les pattes
de Daky…hilarité à la Turque !
Pâtisserie,
3 petits pains 480 000TL…décidément on a du mal à compter la
monnaie !
Kaffé ou çay ? le cafetier du marché est aux anges « moi aime Paris, moi aime
Europe...
Platini, Zidane » …
on opte pour le turkish café…et on a droit à 2 nescafés !
Pour
cette fois on pardonne...
Et on reprend la longue route.
Belle forêt de sapins, un peu
anachronique dans ce paysage
et au sommet d’une colline jaillissement de la mer.
Va t-on y
retrouver ce morceau de plage où les militaires proches nous ont offert l’hospitalité
du mess ?
on a beau triturer notre mémoire et nos notes…la côte s’est bétonnée
ici aussi.
Et pourtant là-bas, en-bas, une crique, une nuée de petites
maisons en ordre de valse…
allez détour ! Quelques barques
retournées sèchent entre vent et soleil…
un petit resto étale
quelques chaises blanches.
L’endroit est idyllique, une jeune femme nous invite à stationner près du seul coin
d’ombre.
Nous avons notre petite méthode, petit tour des réserves de la
minuscule cuisine pour dénicher
la spécialité locale, commande
presque prévue des boissons du jour,
ce n’est pas plus ruineux
qu’au marché…
pour aujourd’hui le menu sera berek et berek,
Que voulez-vous la
saison n’est pas encore commencée ! salade de tomates, berek…léger,
léger, le salon du Fleurette ouvert sur la mer irisée, pour nous
c’est le paradis !
Notre jeune hôtesse vient nous proposer çay
ou kafé, pendant que Daky joue avec son enfant. Kafé turc servi en
campingcar ! On y invite Bengü, c’est son prénom, son bébé
c’est Batuhan,
son papa qui tient le resto c’est Saffet…et nous
voilà
en grande discussion avec
quelques mots de français d’un côté,
quelques mots de turc
de l’autre, et beaucoup,
beaucoup d’envies de communiquer.
On
apprend ainsi qu’elle passe ici, burda, ses mois d’été, il
commence tôt l’été turc.
Là, elle est la spécialiste des bereks,
et il en faut pour la multitude de touristes turcs
qui vont bientôt
envahir la crique ! Son mari lui reste à Istambul pour son travail.
Photos souvenirs, échange
d’adresses…la mer est belle !
On saute la colline, nouvelle mer, les mythiques Dardanelles.
Gelibolu garde l’entrée de la Marmara. Là- haut près du phare une
immense plate-forme
nous offre un vue panoramique totale et un BTS exceptionnel !
Eceabat est un peu comme une verrue pouilleuse dans un paysage
enchanteur. Passage inévitable pour franchir l’espace Europe-Asie
d’un coup de ferry. On en oublierait presque
que nous y sommes dans un lieu convoité par des chaînes de générations,
un enjeu de tous
les temps. Ici le détroit est à sa plus faible largeur, l’autre rive
est à portée de main.
Le site a toujours été
stratégique sur les routes de toutes les richesses entre Orient et
Occident:
guerre de Crimée, Grande Guerre, 1915 y a laissé 100 000 morts…
le prix inutile du contrôle du passage !
Le superbe fort ottoman de Kilibahir, côté Europe, dialogue avec la
forteresse de Cannakale,
côté Asie… « Te souviens-
tu de la prise de Constantinople en 1453 ?. »
belle bataille à nos pieds ma chère tour …et mars 1915 alors,
Churchill n’est pas passé ! ».
Une petite demi -heure de
croisière, tiens un campingcar sur le ferry,
le premier depuis des jours…et Daky marche en Asie, depuis le temps
qu’on lui en parle !
Il est déjà tard, le jour va tomber et si l’on ne veut pas galérer
de nuit à la recherche de notre BTS, cap au sud ! Et zut, nous
voici dans l’entonnoir des ruelles des quartiers miséreux qui bordent
le port. Des enfants qui jouent au milieu de la rue, des étendages
qui frôlent
le Fleurette,
des chats qui traversent nonchalamment…mais toujours un
turc et ses quelques mots d’allemand pour nous remettre dans le bon
sens, en fait un sens interdit-autorisé…
En prime un immense parking vide et…propre, au bord d’un canal.
Ouaih, bof…
nous on veut la mer ! Il nous reste 10 petites minutes avant la
nuit, allez on fonce hors de la ville.
On connaît les pièges de ce type de côte, quelques chemins descendent
vers la mer pour aboutir sur des impasses privées. Il faut jouer à qui
essaie et gagne…Ce sera pour le Xème essai, on débouche sur un
camping vide et…peu ragoûtant. Non mais quand même on n’est pas
venu jusque là pour ça…alentour le bétonnage du coin est à son
paroxysme, mélange des chalets
de Gruissan et des blocs de Sarcelles !
lugubre dans le jour qui tombe, désert d’habitants,
si ce n’est…
si ce n’est quelques lueurs là-bas…Allez on essaie encore !
C’est pas vrai, non
mais pince moi c’est pas vrai…une superbe plate forme les pieds
dans
la mer, le nez sur le passage lent des bateaux déjà illuminés.
BTS alors ! DUR ! Dur en turc cela veut dire : Stop !
Excusez-moi monsieur le gros-chien noir de venir vous déranger.
Il s’en va en ruminant avec un autre chien jaune et trois bambins
gros-chiens,
tournicotants autour du ccar…
« Daky, ce soir on sort à la laisse ! »
...................................................................................demain
ce sera Tendance Grecque
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