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Gunaydün
Turkey..!
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On a piqué au nord vers
Edirne, c’était notre arrivée traditionnelle au « bon vieux
temps »
des voyages par la route yougoslave.
Les vagues de prés verts boursouflés de coquelicots ondulent dans la
longue vallée qui sert
de frontière entre la Grèce et la Turquie.
Les villages sont au diapason turc, les traces de
l’histoire…L’Europe se devine dans la construction à l’allure de tortue de l’A90, elle file droit dans
les champs, nous laissant sur notre européenne d’aujourd’hui, côtoyant encore souvent
« la vieille route », vestige virevoltant
qui épouse les formes des collines…
On peut retracer l’évolution d’un pays en faisant parler ses routes !
Une demie-douzaine de pics rompt, au loin, l’horizon des molles
collines, on reconnaît vite
les minarets des mosquées d’Edirne. Le village frontière est
comme tous les villages frontières, paisible et sans surprise,
contraste mythique avec l’éternelle émotion du voyageur qui va
« changer de cadre » ! Un bâtiment administratif,
quelconque, mi-grec mi-turc, on ne sait trop .
Un gras-civil nous indique la bonne piste d’attente, derrière un trio
de voitures hollandaises.
On regroupe nos documents, on sait par habitude qu’il en vaut mieux
trop que pas assez…
et rejoignons la petite file d’attente à l’unique guichet.
Bronzés, plutôt bronzés
nos « ressortissants néerlandais »… trois voitures, trois
conducteurs,
zavez beau expliquer que vous êtes syriens et que vous ne faites que
traverser la Turquie…
ça indispose la conscience d’un douanier grec !
Enfin les tampons tombent sur nos passeports, ça sent la liberté
grecque,
le plus compliqué reste à faire !
Notre gras-civil s’empiffre un petit pain au sésame en nous ouvrant
la voie !
Petit salut de la main au soldat qui nous lève la barrière…
La Turquie c’est droit devant, à quelques cents mètres de conflits éternels !
L’étoile et le croissant nous font chaud au cœur, on est presque en
pays de connaissance.
L’ombre d’un eucalyptus accueille le ccar, on sait que l’on en a
pour quelquessssss minutes.
« Gunaydün » on ne peut s’empêcher de sortir nos mots
clichés enfouis dans nos mémoires !
Et cela fait plus d’effet qu’un banal bonjour !
On est attendu…enfin presque, 17ème voyageurs
de ce lundi .
Police, passeport, douane : 1 380 000 turkish-liras un papier
incompréhensible, pour le coup
de tampon c’est le bureau en face…pour le même prix on en aura une
ribambelle de coups
de tampons, sur les passeports, sur un, deux papiers roses…
troisième bureau ou un gilet-croisé-cravaté relève une troisième
fois le numéro du Citroën,
non pas Fleurette… Citroën…
Fleurette c’est le…allez j’abandonne !
Allaha ismarladick, au revoir…güle güle...bon voyage !
Le bureau de douane de Karaskin réuni sur le perron nous salue comme
des officiels !
« Soyez les bienvenus !»… t’as vu c’est écrit en français
sur le panneau au bord de la route ?
La route, une seule voie, court dans les champs de tomates…devient
subitement pavée
à quelques kilomètres d ‘Edirne et traverse une longue
forêt de chênes et d’eucalyptus.
Un parc, un de ces parcs pique-nique immense
qui accueille les
familles endimanchées…
Et voici notre premier BTS turc…quelques couples sur les tables, un
trio de jeunes qui nous
salue en revenant à leur voiture, une jeune
femme qui vient nous offrir quelques fraises de
son dessert …et une voiture de police qui se détourne pour
nous demander si tout va bien,
"tamam tamam "…premiers
contacts !
L’entrée dans la ville est immuable, cette fois c’est par le sud,
en plein marché populaire,
le grouillis du peuple, les images, les odeurs, les bruits, tout cela en
rajoute à l’émotion.
On jette un coup d’œil sur notre dernier carnet de bord turc :
Edirne 28 août 1982 11h30 …
c’était hier, rien n’a bougé, enfin presque !
Pour changer de
l’argent la carte a remplacé la paperasse, il ne me faut que quelques
secondes pour me retrouver multimillionnaire en lires turques 200 000
000TL,
deux cents millions, pour quelques 1500 francs français !
Le paquet de billets a du mal à passer par la fente du système .
On s’y habituera !
Maintenant nous devons rencontrer notre contact au Bureau du Tourisme,
quelques fax autour
de notre demande de documentation…et nous étions invités pour un
petit salut de passage .
Le « I » turism’information, lui non plus n’a pas changé
en 20 ans, la vitrine ouverte sur la rue centrale…en fait c’était
à la Direction régionale que l’on nous attendait…bonjour,
rebonjour, gunaydün…monsieur Akcay, non il n’est pas là, mais tout
le bureau semble au courant, un petit Monsieur en costume gilet-cravate nous salue en français et
bien vite nous explique que c’est lui qui a répondu les courriers signés du…chef. Ben
pardi !
Il faut dérouiller la mécanique, notre turc est presque inexistant, et
le français de notre hôte engoncé dans des années sans
pratique…articulons, cherchons des mots simples…et des efforts
mutuels naît une vraie conversation. Fiko est né en Hollande, son père
y travaillait. Etudiant à Paris il y a appris ce français si utile
aujourd’hui. De retour en Turquie il devient bien normalement
professeur de français, puis responsable dans cette branche du tourisme
qui subit depuis plus
de dix ans les aléas des guerres. Irak-Iran et c’est la porte
orientale qui se ferme...
Guerre des Balkans et c’est la porte occidentale ! La très
connue douane de Kapukale n’est plus ce qu’elle était… !
Fiko, on aurait pu le rencontrer à Kapukale quand il y était en
poste.
Maintenant il est
à la Direction régionale, ronge son frein Internet, comprenez par là
que l’aquarium Windows qui trône sur le bureau meuble un déficit. Le
diktat d’Ankara est tombé, il faut faire des économies, donc
Internet bloqué ! Les documents on les envoie par la poste,
ça
revient plus cher, beaucoup, beaucoup, mais ce ne doit pas être sur le
même budget !
Le temps de faire une diskette des meilleures photos de lutte turque,
Edirne en est le centre,
et nous quittons l’ami Fiko, aussi heureux que lui de cette rencontre
si courte.
Edirne c’est d’abord Selimiye Camii, la mosquée chef- d’œuvre
du génial architecte Sinan.
Le joyau de toute l’architecture ottomane. Sacrifice banal des
chaussures laissées à l’entrée
et nous voici plongés dans cette atmosphère incomparable des mosquées
vivantes.
Ici la lumière est exceptionnelle, filtrée par des fenêtres plus
ouvertes qu’ailleurs.
La coupole immense, audacieuse semble en lévitation posée là-haut
sur on ne sait trop quels piliers ou arcades.
C’est heure de prière, on déambule à pas feutrés parmi les fidèles
courbés sur les tapis.
Moment hors du temps pour comprendre l’essor religieux dans ce pays
terriblement laïque.
Il faut un effort pour s’arracher à cette quiétude. Le parc est
bruissant des discussions entre jeunes. Edirne est une ville
universitaire, jeune terriblement jeune, lycéennes en uniformes:
corsage blanc, cravate au sceau de l’école, jupe bleue sur des bas
blancs…un délice !
Les garçons ne sont pas en reste en blazer estampillé !
Et tout
ce petit monde qui piaffe, rit, sourit, nous salue, caresse Daky …
On
retrouve en quelques minutes cette facilité d’échanges gravée dans
nos mémoires…
Elle est bien là « notre Turquie » !
Vite au bedesten, le bazar couvert, enfin un des…mais où sont passées
les échoppes d’antan ? Bon allez un petit effort, laissons la
nostalgie.. les shops téléphones portables n’ont rien à envier à
celles qui émaillent nos centres villes ! Dans cette halte
obligatoire pour tous ceux qui viennent de l’ouest les errements de
l’ex-yougo ont gommé les visites de touristes, et nous apparaissons
un peu insolites.
Traversant un quartier pouilleux nous voici à la mosquée Beyazit cachée
derrière une digue
du fleuve, impressionnante de grandeur, figée dans la sérénité
depuis des siècles,
aujourd’hui musée de l’école de médecine.
Le jour s’effiloche, nous ne sommes pas encore habitués au décalage,
va t-on commencer
la chasse au BTS ? Nous avons de toutes façons en dernier recours
le parc découvert à midi !
Et si nous commencions par un resto, en allant vers le parc, près du
pont seljoukide ils sont
à touche-touche. Coup d’œil aux guides, c’est le Néos le plus
attractif, le choix est vite fait.
Le parking derrière le resto est à lui seul le BTS, pleine nature sur
les champs de maïs.
Accueil « resto-turc » passage leitmotiv par la cuisine pour
choisir nos plats. Pas trop d’indécision partons pour le classique :
salade aubergines tomates, sish kebab…une demie
de rosé local, l’inévitable bière Efès…après on verra .
Seuls étrangers , nous sommes à la fois l’attraction et
l’attention …le dessert nous est offert, nous découvrons les
« erik » cerises turques et cerise sur le gâteau
l’addition : 12 250 OOOTL soit 90ff, c’est pas mieux ainsi !
Allez dodo…la journée à été lourde.
.....................................................................................................demain
on saute en Asie.
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