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Istambul...
un blitz au mois d'août !
Mode d'emploi: à lire seulement si
l'on ne veut pas des infos
exactes, pertinentes, détaillées! mes
récits ne sont pas comme ça….et moi aussi
!
au contraire si vous aimez les impressions, les petits commentaires, les
aventures, la découverte , les suggestions …
alors lisez et bonne chance !
….été 1998…les sacrées vacances grecques sont presque terminées…on
a passé à peu près un mois mouillé dans la belle mer de là bas et on n'a
pas encore envie de rentrer !!..
on se regarde dans les yeux et on se dit: "mais on rentre à quoi
faire?..on a encore 10 jours
et rentrer en Italie pour repartir dans une autre direction…c'est fou ! on
peut aller où ,
en partant d 'ici ( île de Lefkas ,
entre Corfou et Céphalonie) et pendant
10 jours??
"moi , je n'ai jamais vu Istambul, tandis que vous oui"
..
la voix plus criminelle qu'innocente de ma fille ( à l'époque 17 ans)
obtient d'un coup l'effet qu'elle souhaitait… on partira pour Istambul…bien
sûr !!
…Aristotele
( le propriétaire du petit camping s'appelle comme la moitié des
hommes grecs…
l'autre moitié s'appelle Dimitri !!) ne cache pas son désappointement
pour notre destination..
et c'est incroyable comme , aujourd'hui aussi , l'hostilité entre grecs
et turcs soit encore si vive
et diffusée parmi la population !!…je souhaite retrouver mon zodiac,
à notre retour,
sous l'olivier ou le brave homme nous a permis de le placer pendant
notre absence!!
Bien sûr,
comme le voyage n'était pas prévu, on n'a que des cartes routières
insuffisantes
ou inutiles…on peut compter seulement sur la carte Euroatlas de la Grèce
1:300.000
et l'Atlante T.C.I. Europe du Sud 1:800.000 qui arrive à peine à
Istambul
et comprend un petit peu de cote égéenne !!..et merde alors !
sans doute on trouvera des cartes sur place, n'est-ce pas?….on n'en
trouvera pas…
mais on s'arrangera tout de même et on s'en passera
tranquillement…!!
on n'a pas non plus une guide…qu'on oublie chez soi 2 fois sur 3…donc tout normal !
On part
enfin, il faut traverser toute la Grèce du Nord d'un coté à l'autre
:
cela n'est pas un problème car on a déja fait ce trajet d'autres fois
et on l'a toujours aimé
puisque il s'agit d'une
Grèce peu
touristique, pauvre, vraie…
surtout dans la Traki vers la
frontière turque.
De
Lefkas on remonte vers nord, Preveza
ou l'on s'embarque sur le petit ferry
( l'année prochain il y aura un tunnel , sans doute plus pratique ,
mais tellement moins charmant !!)
qui évite le long mais panoramique tour du golfe de Amvrakikos,
enfin Ioannina au bord d'un
lac
qui a encore quelques traits sauvages : la ville vaut une halte pour son
vieux centre bourré
de petites boutiques pas encore dédiées au tourisme et pour ses
cafenion (petits cafés)
avec les petites tables rondes en fer qu'on peut trouver partout en Grèce...
et chez moi aussi..
car j'en ai acheté une il y a quelques ans et maintenant
elle demeure en belle évidence
a coté de la porte de ma maison!
Maintenant
on aborde la route pleine de virages qui passe par Metsovo
e Kalambaka
ou il y a Meteora avec ses
fameux monastères pendus sur les rochers et reliés , jadis ,
par des petits escaliers en bois que les moines pouvaient rentrer au cas
de danger….
maintenant il y a des solides passerelles!
Un
mari bien entraîné…est une garantie sur cette route au mille virages
par km.!..
notre bon vieux Pilote lui aussi ne cède pas d'un seul
micron…au contraire l'équipage
quelque petit problème l'a…surtout Mistral ( notre passager à quatre
pattes, très poilu, très bâtard
et trèeeees aimé!) qui , debout au milieu du couloir, la langue
pendante, les yeux suppliants,
se penche de façon exagérée à chaque virage …tel qu'un vieux
motard !!
il lui manque seulement un casque en cuir et des grandes lunettes !!!
Tout cela ne nous empêche , encore une fois , d'admirer le panorama
surprenant
de ces belles montagnes…on pourrait croire etre en Suisse !!
On
passe par Trikala, Larissa
et enfin l'autoroute ( pour ainsi dire: trois voies et c'est tout
!!),
vers Thessaloniki qui longe la base de la montagne la plus célèbre du
monde: le mont Olympe !!
Situé
tout près de la mer, il a toujours, à ne pas y croire, un
"mythologique" nuage
qui lui couvre le sommet : puissance d'un mythe!!
Après Thessaloniki commence une étrange Grèce…
très loin de ses célèbres photos blanc-et-bleu si écœurantes!…il
s'agit d'une terre aride, lunaire, désolée, surtout à l'intérieur et
au mois d' août: là se termine la Makedonia
et commence la Traki,
de Kavala à Alexandroupoli on
rencontre deux bouches de fleuves ,
le Nestos et L'Evros
qui trace la frontière avec la Turquie et une grande lagune, Vistonida,
qui sont encore très sauvages et, pour moi, merveilleux! la petite
birdwachter que je suis
voudrait avoir le temps de s'arrêter et fureter partout avec ses
jumelles…
mais il faut se contenter de saisir à la volée l'image d'un group
d'avocettes, le vol d'une cigogne
ou d'une échasse blanche et de jeter un regard…d'haine à mon mari
qui ne s'arrête jamais
quand il faudrait !!
…16 km. après Feres , sur
le fleuve Evros, voila enfin la frontière turque…
petit moment de panique car on se souvient juste maintenant d'avoir avec
nous un chien
et on ne sait pas si le simple certificat de vaccination suffit…avec
surprise on constate
que le problème ne se pose pas et tout simplement mon chien ..n'existe
pas !
pas même digne d'un seul regard de la part des policiers…tant mieux!
…enfin Turquie !! après
tant d'années…22 environs
!! le paysage est pareil à la Traki grecque
mais plus désert et sauvage, on arrive encore sur la mer (Marmara deniz ) à Tekirdag
qu'on ne reconnaît plus comme le vieux village de pêcheurs qui nous
abrita il y a longtemps !
…maintenant une large route dépasse le centre ville et
poursuit jusqu'à Istambul :
les cotes de la Méditerranée ont subi une grande homologation et si on
est un petit peu distrait…
on risque de ne plus savoir si l'on est en Espagne, en Italie, en Grèce
ou …ailleurs!
Le
soir on entre enfin à Istambul et
on s'aperçoit d'un coup que trouver un camping
( c'est la solution la plus pratique dans les grandes villes qu'on va
visiter pendant plusieurs jours!)
sans cartes, guides et infos….cela s'approche beaucoup au miracle !!
On s'aperçoit aussi que la ville a grandi beaucoup et qu'aujourd'hui il
y a de belles rues,
des autoroutes modernes et surtout un trafic très ordonné et bien réglé….une
calme suisse !! …
On avait gardé pendant des années le souvenir d'une conduite très…
dégagée
surtout de la part des chauffeurs de taxi…des grands taxi jaunes qui
étaient notre délice
car il s'agissait , dans la presque totalité, de vieilles voitures américaines
d'après guerre !!
on passait de l'un à l'autre pour le seul goût de monter sur ces ...pièces
de musée !!!
Toujours
à la recherche du camping: mon mari s'éclate " il s'appelait
Atakoy, je crois"..
et moi je m'énerve car je pense que
22 ans après , rien n'est plus comme auparavant !!
mais , tel que la comète pour les Rois Mages, voila le mot Atakoy
qui parait de loin…
il s'agit, bien sûr, du mot d'un quartier de Istambul…mais peu loin
…miracle!
l'inscription "Camping Atakoy" donne raison à mon mari et
nous confirme l'existence
d'une bonne étoile même pour des voyageurs fous tels que nous sommes!!
Le camping Atakoy ( accueillant et propre: standard européen)
est toujours bord de mer
mais à présent il est situé en pleine ville, zone ouest…tant mieux
on n'ira pas fatiguer
pour saisir un bus pour le centre ! en effet le matin suivant on pourra
acheter les tickets
( pour Mistral aussi!) directement à la réception du camping.
Le
matin venu on attend le
bus, Mistral en laisse bien tranquille ( … il est un habitué des
moyens publics à l'étranger aussi !) et quand il arrive on essaye en
vain d'y monter.
une avalanche de cris , chauffeur compris, nous rejette sur le trottoir
!! ..on est surpris et on ne comprend pas…enfin un monsieur , en
souriant, nous indique notre chien: c'est lui la cause
de la révolte!
…on ne veut pas les chiens sur les bus !…qu'est-ce qu'on fait
maintenant ?
pas question de revenir au camping pour prendre le CC…on essayera avec
les taxis!…
en effet bientôt arrive le taxi mais le chauffeur ouvre le coffre de sa
voiture et nous fait signe
d'y mettre Mistral…tout à côté d'une énorme bouteille de gaz !!
panique totale !!
personne ne veut notre chien !! mais pourquoi ??..un autre taxi
s'approche enfin et , cette fois,
le chauffeur accepte la bête.. mais je dois la retenir entre mes jambes
dans le siège avant
de la voiture tandis que ce jeune homme donne des regards curieux et
craintifs au même temps,
…il se méfie et j'ai terreur que Mistral
s'en aperçoive car …vous savez-n'est-ce pas ?
Heureusement le gars, qui pendant l'année travaille en Allemagne et connaît
aussi quelque peu d'italien, se débrouille pas mal avec son taxi et
nous donne rendez-vous pour le soir .
Etant donné qu'il accepte Mistral sur sa voiture, il deviendra tout de
suite
notre chauffeur particulier dans la ville de Istambul !!
On
s'aperçoit, d'un coup, d'être déjà dans la merveilleuse place entre
les deux mosquées
Aya Sofia et Mosquée
Bleue ( Sultan Ahmet) , on admire les jardins très soignés et tout de suite
s'approche un personnage typique d'ici: le vendeur d'eau, avec son beau
costume traditionnel !
Il place son chapeau sur la tête de ma fille et on est obligé de faire
une photo…
mais il ne demande rien et, en souriant, s'éloigne sur la place !..on
constate avec plaisir
que les turcs ont gardé une grande dignité et hospitalité …je n'en
doutais pas!!
On entre …deux à la fois, bien entendu: le troisième reste dehors
avec Mistral…toujours sous les regards curieux et craintifs des gens
qui passent, on ira visiter comme ça Aya Sofia ,
maintenant musée, la Mosquée Bleue et le Topkapi,
le grand palais des sultans ..
une merveille pour les yeux!!
Trois jours c'est peu de chose, c'est vrai…mais à présent on va
offrir à ma fille
un petit hors d'œuvre d'une des plus belles villes de la Méditerranée:
elle voudra sans doute revenir ici…comme nous ! on aime laisser un
site, une ville, un pays
avec le regret de n'avoir pas tout vu , tout goûté…
de façon que l'envie de revenir sera toujours plus forte ..
et on cédera très aisément à cette envie!!
C'est pour cela qu'on flâne par hasard en suivant la foule et ..en
reniflant l'air, en effet on a passé
la plupart du temps dans les vieux quartiers aux ruelles bourrées de
petites boutiques
toutes du même genre…chaussures et cordonniers, menuisiers et objets
de bois,
tissus et tailleurs….on adore ( tous les trois, mon mari y compris !) fureter
parmi les marchandises
des marchés et se mêler aux gents qui se pressent dans les bazars et
dans les rues ..
et on a remarqué avec un subtil plaisir le manque presque total de
touristes !!
On constate que le Grand Bazar n'a
pas trop changé : parmi les
marchandises pour les touristes
on a encore beaucoup de produits et de boutiques ( bijouteries, surtout)
typiques comme
le petit bar ou l'on se donne le plaisir d'un doux çay ( thé) à goûter
dans des tout petits verres
que j'irai , bien sûr, acheter pour mon ménage !!
…tandis que le garçon du bar ..
dribble anxieux notre chien bien lié à mon siège…un gentil monsieur
syrien qui avait longtemps
vécu en Italie et parlait parfaitement notre langue, nous explique l'étrange
comportement des turcs
par rapport à Mistral: pour
la religion musulmane le chien ( comme le porc) est un animal impur…
donc suscite souvent peur
et dégoût … tout ça!….mais on l'a compris juste maintenant…
mieux tard que jamais!
On
aimera davantage le Marché
Egyptien spécialisé en épices…à en perdre la tête,
très fréquenté et plein de monde, les bancs chargés de choses étranges
, très colorées,
parfumées et empilées
avec parfaite géométrie !! …je n'ose pas penser à leur goût !!
Dans
la grande cour de la mosquée Yeni
Camii ( chaque mosquèe en a une avec une fontaine,
celle ci très belle, et les lavoirs pour les ablutions rituelles) en
attendant mon tour de visite,
je découvre que ce lieu est ,aujourd'hui encore, utilisé comme marché
improvisé
et comme point de rencontre…tel qu'il était conçu dès la
construction des premières mosquées!
Au dehors de la cour, je suis assise maintenant sur le grand escalier
face au Corne d'Or ,
Mistral à mes pieds, et j'observe la foule qui va en toute direction et
je constate que la plupart
des femmes a la tête couverte par un grand foulard et porte ces longs imperméables
qu'on voit chez nous aussi…pour cela et pour d'autres signaux que je
saisis ,
je pense que l'islamisme non seulement n'a pas cédé à l'occident mais
il parait plus enraciné aujourd'hui qu'il y a vingt ans!
Toutefois
les turcs ont gardé toujours leur caractère gentil et respectueux et
on en aura la preuve
en parcourant à pied le long pont
de Galata bourré de monde voir métro aux heures de pointe!
On est arrivé au bout sans être ni frôlé ni importuné par qui que
ce soit…..
comme souvent il arrive chez nous!
On
s'est baladé parmi la foule, on a vu et revu des choses merveilleuses,
on a mangé du kebab
et des fritures.. mystérieuses mais très savoureuses aux petites
tables des cafés bourrés
d'employés et d'ouvriers, on a bu çay et café turc dans les bars ou
il n'y avait que des hommes
et rien touristes.. et on n'a jamais été mal à l'aise ou inquiet ! et
pourtant on a toujours avec
soi
argent et documents et un vol ce serait le désastre!…
Toutefois on n'a jamais été si tranquille et décontracté comme dans
cette fabuleuse ville !!
On
a envie d'offrir encore un petit peu de Turquie à ma fille
( on l'avait visitée pas mal il y a longtemps !) pourtant on pense
d'arriver jusqu'à Truva (Troie) ,
en longeant la Marmara Denizi
( Mer de Marmara) et en passant par Bursa …
mais on aura la mauvaise surprise de trouver la cote à l'est d'
Istambul sur cent km. environ, complètement revêtue de ciment,
d'immenses bâtiments , très récents, entièrement inhabités
et, en partie, inachevés ….on est ébahi ! une vraie spéculation
digne d'une mafia très puissante.
On en sait quelque chose chez nous!!….en effet , quelques mois après,
un terrible tremblement
de terre fera tomber comme des chanteaux de
cartes beaucoup de ces immeubles
dont la solidité était quand même douteuse !
On
arrive enfin à Bursa …et
on ne reconnaît plus rien!…on avait le souvenir d'une petite ville
d'art entourée de montagnes et de vert ou se détachaient les minarets
des mosquées et ou il y avait
un camping BP : oui la société du pétrole ! car, à ce temps là, les
peu de campings de niveau européen étaient à coté de ses pompes
d'essence !..
maintenant une métropole de plus de 800.000 habitants très
industrialisée se pare devant nous
et dans le bureau de tourisme on apprend qu'il n'y a plus de camping et
que les plus proches
sont sur la cote à quelques 100 km. environs !! pas question de
chercher un endroit dans
cette Babel…on ira très déçu vers la cote ou à 10 heures du soir
on trouvera un petit camping
avec de la place pour notre Ccar…parmi les tentes et les caravanes des
vacanciers turcs !!
Le
matin venu un gentil monsieur italien mais résident la-bas depuis
beaucoup, nous présente
sa famille…turque et nous dévoile la cause de l'énorme transformation
de Bursa: il s'agit de FIAT !!
Car juste à Bursa la FIAT a placé son premier
grand établissement turc avec, bien entendu,
main d'œuvre et cadres italiens, au principe.
Comme toujours, quelqu'un n'est plus revenu chez soi…
comme ce monsieur qui avait bien de plaisir de bavarder depuis longtemps
dans notre langue!
Et
voila Troie ou, pour mieux
dire, ses ruines qui maintenant jouissent d'une belle entrée
avec tant de cheval géant en bois pour la joie des enfants visiteurs et
d'un grand parking .
Enfin une belle promenade parmi les vestiges d'une telle civilisation ,
avec des infos multilingues
très complètes et sous un soleil éblouissant nous récompense pour
les quelques petites
déceptions …presque inévitables après tout ce temps là !!
Maintenant il faut rentrer
et pour éviter le long et décevant tour de Marmara Denizi,
on…bondit au dernier instant sur le ferry qui de Canakkale
nous débarque à Eceabat
:
on parcourt la presqu'île de Gelibolu
qui est aussi parc naturel et tout de suite
on est à Kesan et enfin à Ipsala.
Peu
avant la frontière grecque des drôles panneaux montrent une espèce de
tunnel
et des jets d'eau qu'on a du mal à …interpréter, compte tenu qu'on
n'a pas lu les inscriptions !!…
tout d'un coup nous sommes frappés par des jets d'un liquide qu'on veut
bien croire de l'eau..
et maintenant on comprend que les inscriptions nous invitaient ..à
fermer les vitres !!
On est choqué et on se refuse de comprendre ce que deux mots échangés
avec un autre touriste
devant le guichet du contrôle des passeports nous confirme carrément:
une douche de nettoyage
aux voitures provenant de la Turquie…pas de commentaires aux regards
!!
Soirée
calme devant la mer à Alexandropulos
et enfin retour à Lefkas ou, chez Aristotele,
on trouvera à nouveau notre zodiac et… les commentaires étonnés de
nos amis
toujours placés là bas qui ont du mal à croire que, pendant ce
temps,
on est allé à Istambul et retour…une petite balade, quoi de plus ??
Maura
Nosenzo
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la
version italienne vous attends sur le site de Maura et Gianni
Campereavventure
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